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19 Jul 22:09

Kevin Reynolds: « C’est compliqué de travailler avec Kevin Costner »

by Alexandre LETREN

C’est dimanche 21 juillet que Canal+ va diffuser la mini série événement de 2012, Hatfields and McCoys, réalisé par Kevin Reynolds et avec Kevin Costner, Bill Paxton et Tom Béranger. Durant 3 semaines, vous serez plonger au cœur d’une incroyable rivalité entre deux familles, les Hatfields d’un côté et les McCoys de l’autre.

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Anse « Démon » Hatfield et Randall McCoy, deux amis proches et alliés durant la Guerre Civile, retournent dans leurs villes natales de Virginie-Occidentale pour l’un, du Kentucky pour l’autre, alors que la tension monte, que l’incompréhension et les ressentiments balayent tout sur leur passage, jusqu’à ce qu’une bataille éclate entre les deux familles. Les amis, les voisins et les forces extérieures se joignent au combat, amenant les deux états vers une nouvelle Guerre Civile.

Lors du 53ème Festival de Télévision de Monte-Carlo, nous avons pu rencontrer Kevin Reynolds qui nous parle de cette mini série événement.

Kevin Reynolds

Season One: Hatfields & McCoys est tirée d’une histoire vraie et a été diffusée sur la chaine History. A quelles contraintes avez vous été confronté?

Kevin Reynolds: En télévision on a plus de libertés qu’au cinéma pour faire des projets de dramas. Ca a beaucoup changé. On ne peut plus faire ça en studios. Il n’y a plus que des films de super-héros aujourd’hui. Au moins à la télévision, on peut faire ce genre de choses. Le coté négatif c’est que la télévision a changé et que le réalisateur y a moins d’importance qu’au cinéma. Le producteur et le showrunner sont plus importants. Donc on a un peu moins de libertés en ce qui concerne certains aspects du projet. En revanche, j’ai eu beaucoup de libertés pour ce qui est de la production, du tournage et du casting, mais moins pour la post production. La chaine prend les décisions finales, par exemple pour faire des coupes. Parfois je n’étais pas d’accord, mais c’est comme ça que ça marche. Au moins on peut faire quelque chose. Comme je l’ai dit faire ça au cinéma c’est quasiment impossible aujourd’hui.

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Season One: Avant de  produire Hatfields & McCoys, History avait commandé The Kennedys, mais ils ne l’ont pas diffusée car ce n’est pas assez fidèle à l’histoire et que ça faisait polémique. Avez vous rencontré le même type de problème avec cette histoire?

K.R: Non ils l’ont aimée depuis le début. Pendant qu’on faisait le montage j’ai senti que ça allait marcher. Je l’ai même senti pendant le tournage. Il faut quand même dire que la chaine a fait une super promotion pour la série. Ils ont fait beaucoup d’efforts pour que le public la remarque. Mon travail en tant que réalisateur était de créer quelque chose qui leur plairait au cas où les téléspectateurs soient au rendez-vous. Et ils ont aimé. Nous avons eu beaucoup de chance.

Season One: C’est le grand retour du western depuis plusieurs années avec Deadwood, Hell on Wheels, un western plus sombre. Est ce difficile de convaincre une chaine d’en produire?

K.R: C’est cyclique. Les westerns sont à la mode et puis disparaissent. En ce moment c’est un genre populaire, mais je suis certain que dans quelques années les gens en auront marre. On ne fera plus de westerns pendant un temps. En ce moment on est sur la pente ascendante.

Season One: Est ce que Kevin Costner vous a aidé pour ce western?

K.R: Il a aidé à le faire oui

Season One: Est ce que c’est le come back du genre western?

K.R: Oui je pense. Une des raisons pour lesquelles History croyait en ce projet c’est parce que Costner était dedans. Maintenant qu’on a fait la série, tout le monde voudrait son Hatfields & McCoys alors qu’il y a quelques années personne ne voulait faire de westerns. Tout le monde se copie. Si quelque chose marche, on va faire la même chose à coup sûr.

Season One: Comment décririez-vous la série? C’est vraiment un western vous croyez?

K.R: Non c’est un eastern! (rires)
Pour moi c’est plutôt une histoire de guerre entre 2 familles comme Le parrain avec un peu de Romeo et Juliette. C’est vrai qu’il y a un lien avec Le parrain. Quand on lit le scénario on découvre tous ces personnages. Il y a 70 personnages! Toutes leurs histoires sont connectées les unes aux autres et le tout se déroule sur 30 années. C’est exactement ça, c’est comme dans Le Parrain. Ce n’est pas l’action, ni la violence des disputes qui importent ici. Ce sont les personnages. C’est ce qui fait que la série fonctionne. On voit sans arrêt des séries où les gens s’entretuent, mais ça finit par n’être que du bruit de fond. Il n’y rien d’intéressant. Ce sont les personnages qui sont la vraie force de la série. Ce qui est génial dans notre série c’est que ce sont de vrais personnages, ils ont réellement existé et ça donne plus de profondeur à l’histoire.

Season One: Ca fait plusieurs années que vous travaillez avec Kevin Costner. Vous avez tourné Robin des Bois ou encore Waterwolrd avec lui. Comment décririez-vous votre façon de travailler ensemble?

K.R: Euh … compliquée (il affiche un petit sourire et marque un temps d’arrêt).

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Season One: Pourquoi travaillez-vous encore avec lui dans ce cas?

K.R: On ne travaillera plus ensemble. C’est le dernier projet que l’on fait tous les deux.

Crédits Photos Séries: © 2012 Sony Pictures Television Inc
Crédit Photo Kevin Reynolds: Alexandre Letren

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19 Jul 22:06

Skins – L’âge de maturité

by Pierre Sérisier

Le temps a passé. Les enfants ont grandi. Ils n'ont rien perdu de leur touchante complexité, de leurs doutes et de leurs hésitations, mais ils sont devenus de jeunes adultes. Ils ont acquis un peu de maturité, un peu de recul sur le monde qui les entoure. Il sont devenus un peu plus cyniques. Ils se sont un peu résignés ? Peut-être. Mais rien n'est moins sûr. Leurs rêves sont légèrement différents et Skins, dans sa septième saison, est presque une série différente de celle apparue en 2007.

A l'époque, la création de Bryan Elsley et de son fils Jamie Brittain avait apporté un ton novateur et inédit à un genre maintes fois revisité au fil du temps. Les adolescents étaient enfin représentés comme ils sont et non pas comme leurs parents les voient. Plus qu'une évolution, ce changement de regard constituait une révolution et son influence fut sensible aussi bien en France (Sweet Dreams ou Clash) qu'aux Etats-Unis qui a procédé à une adaptation.

Puis, comme souvent, le sentiment de nouveauté disparaissant, une forme de lassitude s'était faite accentuée par l'impression que les choses se répétaient malgré le passage d'une génération à la suivante.

Dans cette septième et dernière saison, Elsley et Brittain viennent fermer la boucle avec la contribution de Jess Brittain, fille du premier et soeur du second. Auteur par ailleurs d'un ouvrage intitulé Skins Summer Holiday qui reprend les personnages de la saison 3. On retrouve les sales gosses de la saison 1. D'abord Effy dans les deux premiers épisodes, - que l'on doit à Jess Brittain- puis Cassie (Hanna Murray qui a joué dans Game of Thrones entre temps) dans les deux suivants signé par Elsley lui-même.

On les retrouve d'abord avec plaisir, parce qu'on se souvient d'elles, mais surtout on peut mesurer tout le temps qui a passé. Combien elle ont grandi, à l'abri de nos regards pendant ces cinq années. Mais surtout, on est surpris par l'évolution du style des créateurs de la série. Eux aussi  ont grandi et ont gagné en maturité.

Cette dernière saison apparaît comme une sorte de legs de l'aventure entamée voilà six ans. Il est assez plaisant de voir comment ce final de Skins trouve des échos et des similitudes dans la nouvelle production de Bryan Elsley baptisée Dates dont nous parlions récemment sur ce blog. Et dont on ne saurait trop vous conseiller la découverte, si cela n'est pas encore fait.

Peinture impressionniste

Il est clair que le scénariste a adopté un ton nouveau, une nouvelle manière de tourner autour de ses personnages pour mieux nous montrer chaque profil, chaque expression, une façon de les rendre attachants mais aussi imprévisibles, de nous convier dans leur intimité et de nous en expulser parfois sans ménagement, comme lorsqu'on se détourne d'un tableau de peinture au milieu d'une galerie.

Il y a quelque chose d'impressionniste dans ce nouveau style d'Elsley. Les situations sont peintes par petites touches successives et ce n'est qu'après bien des coups de pinceaux que l'image se dévoile enfin et que l'on saisit toute la complexité  de la scène qui nous est offerte.

Cette technique est à l'oeuvre lors des deux premiers épisodes suivant Effy engagée dans une société de traders à Londres. Elle l'est encore plus avec Cassie qui vivote dans la capitale, bosse comme serveuse dans un petit restaurant dont la carte est à peu près aussi sophistiquée que les plats qu'il sert. Cassie découvre qu'un inconnu la prend en photos, des tas de photos, depuis un certain temps.

Les clichés ont été mis en ligne sur un obscur site et la jeune y apparaît d'une beauté troublante, inattendue, qu'elle ne soupçonnait et que nous n'imaginions pas. Face à la caméra, Cassie apparaît comme une gamine ordinaire. Face à l'objectif, ses émotions se révèlent, on lit en elle. Et celui qui la photographie ainsi, à son insu, est doué d'un exceptionnel talent. Le réalisateurs Paul Gay qui avait dirigé les deux premiers épisodes de la série en 2007 est à nouveau là et cela se sent dans ce troisième épisode.

Cassie nous est dévoilée exactement comme l'était Mia ou David ou Erica ou Jenny dans Dates. L'émotion est là, présente au détour de chaque plan. arfois presque étouffante, gênante. Le jeu des actrices est superbement maîtrisé et nous  attendons la suite avec impatience et inquiétude car nous savons que cela sera bientôt fini.

Que les gamins de Bristol que nous avions rencontrés en 2007 vont continuer leur vie sans nous. Les deux derniers épisodes de la saison, centrés sur Cook, personnage de la saison 3 seront signés par Jamie Brittain. Après, nous serons un peu orphelins de ces enfants.

(Photo: E4. Dessin: Martin Vidberg)