Un jeu somptueux, immersif et sans chichi. Simplissime et en même temps profond. Mais trop nu et répétitif pour devenir cultissime
- Date de sortie : octobre 2017
- Auteur : Claude Lucchini
- Illustrateur : Paul Mafayon
- Editeur : Libellud (Dice Forge) et Pearl Games (DEUS, Tournay) / Asmodée
- Nombre de joueurs : 2 à 4 (optimum à 4)
- Age conseillé : dès 14 ans
- Durée : 90 minutes.
- Mécaniques principales : programmation
Otys, de quoi ça parle?
De plongée sous-marine. Dans le futur. Post-apo. Sur fond (maritime) de désastre écologique et de changements climatiques
Milieu du 22e siècle. Résultat de 300 ans d’abus, de déni et d’inconscience, la montée des eaux engloutit tranquillement les dernières terres émergées. Pour survivre, les colonies rescapées doivent demeurer au-dessus du niveau de la Mer. Elles s’élèvent ainsi, toujours plus haut, à l’aide de débris du passé repêchés par les héros des temps modernes
Vous vivez dans la colonie Otys, récupérez les débris des civilisations passées dans les profondeurs pour construire le futur de l’humanité
Un thème SF original et bien rendu par ses illustrations et ses mécaniques
Comme très souvent avec les jeux Libellud, le thème est fantasque, fantastique et intégré. Alors certes, Otys reste un jeu de gestion, pas un jeu d’aventure narratif. Mais tout est fait pour transporter, ou immerger, et c’est le cas de le dire
Et comment on joue?
Rarement des règles d’un « gros » jeu auront été tellement épurées, streamlinées
Dans Otys, pas de chichi
On utilise à choix l’une des clés présentes sur l’un des étages de sa « tour » de plongeurs slash experts. Cette clé pousse permet d’obtenir une faveur, à choix. Puis d’activer l’expert présent à l’étage. La clé est défaussée sous son plateau perso, et le plongeur passe tout en haut de l’étage. Quand toutes les clés sont défaussées, on les reprend et replace toutes
Voilà, c’est hyper-tout. Deux lignes de règles
Dans Otys, pas de chichi
Avec quelques spécificiés tout de même:
Chaque faveur est différente, et chaque expert / plongeur est également différent bien sûr
Et avec quelques exceptions, des jetons « batterie » qui permettent de moduler les règles de base et des clés bonus
Et on gagne comment?
Otys est un jeu de course, somme toute très proche de Splendor
Le but: atteindre 18 PV
Comment les obtenir?
En remplissant des contrats
Et comment les remplir?
En utilisant des ressources
Et comment les obtenir?
Grâce à ses plongeurs bien sûr
Voilà
Dans Otys, pas de chichi
En résumé: activation de persos, collecte de ressources, commande
Interaction?
Froide
La principale interaction réside dans la course, être le ou la première à atteindre 18 PV
Avec peut-être la Négociante qui peut bloquer ou être bloquée au marché commun avec les ressources, mais c’est peu
Et à combien y jouer?
Comme il s’agit d’un jeu de course, à quatre le jeu devient beaucoup plus tendu
Alors, Otys, c’est bien?
Un jeu co-édité par les deux éditeurs francophones parmi les plus retentissants de la francophonie, Libellud et Pearl Games racheté par Asmodée en 2015. Ca ne pouvait être qu’une réussite
Et ça l’est
Le thème est original et fort
Les illustrations sont superbes, comme toujours avec Libellud
La mécanique épurée au possible, avec son système de programmation à venir juste excellente. Je fais d’abord ça puis ensuite ça pour faire après ça pour finir par ça. Profond. Brain-burner, même
Des règles simples, dynamiques et fluides
Une tension à son paroxysme: la course, la gestion, la programmation
Mais
Mais le jeu pose quelques soucis
Le matériel, d’abord, parlons-en. L’enfer est pavé de bonnes attentions. En voulant proposer un matériel hors du commun avec des inserts pour les persos, le tout ne tient pas. Les plateaux gondolent et la colle ne… colle pas tant que ça. Bref. Hashtag fail. Il faut dire que les co-éditeurs et Asmodée en backup nous ont habitués à mieux
Le fond (c’est le cas de le dire ici) du jeu. Trop simple. Trop simpliste. Trop répétitif. Trop nu. Collecte de ressources, commandes.
Pour au final un jeu plus complexe qu’il n’y paraît. Les persos, d’abord. Qui disposent chacun de deux pouvoirs, simple et avancé. Des faveurs spécifiques également et autres jetons bonus, qui permettent d’accélérer son jeu. Pour au final passer ses 1-2 premières parties le nez dans les règles à bien saisir les différents pouvoirs. Peu fluide. Et pourquoi ne pas avoir proposé des aides de jeu par joueur et joueuse pour résumer le tout?
Bref
Otys est un bon jeu
Otys est un très bon jeu
Mais Otys n’est ni le jeu de l’année, ni le meilleur Pearl Games, ni le meilleur Libellud
Score
Anticipation: 5/5
Un jeu co-signé par Libellud et Pearl Games, parmi les plus prolifiques éditeurs du système solaire? Wahou. Grosse, grosse anticipation
Pendant: 4/5
La mécanique de base, la programmation, les conditions de victoire, le tout prend bien. Dommage qu’il faille bien ausculter tous les pouvoirs et faveurs pendant la partie, qui couvrent 4 pages de règles (sur 12)
Après: 3/5
C’est finalement un peu le « tout ça pour ça » qui en ressort. Et un matériel pas au point
Final: un solide 4/5. Peut-être lié à un effet pshiiit parce que trop moubourré par la co-édition
Et encore une chose
Otys est un jeu à fort message écologique
Avec un clin d’œil cinglant à l’Amérique de Trump, puisque dans le jeu la ville engloutie doit certainement être américaine (le Golden Gate, un simili de la Statue de la Liberté, du texte en anglais sur les plateaux…)
Continuons de polluer, de consommer, et nous aurons (encore plus) de soucis à nous faire. Au point de voir nos civilisations actuelles englouties sous l’élévation du niveau de la mer
Tellement vrai
Tellement inquiétant
Tellement ironique, puisque le jeu est fabriqué lui-même en Chine
Peut-on produire des jeux et rester sensible à la cause environnementale ? Un sujet épineux. Asmodée tente le RSE, plus ou moins. Et d’autres aussi
Vous pouvez trouver le jeu chez Philibert,
Chez Ludibay,
Et chez Ludikbazar