Le SĂ©nat organise ce jeudi 22 mai 2014 un colloque intitulĂ© « NumĂ©rique, renseignement et vie privĂ©e : de nouveaux dĂ©fis pour le droit » (et qui sera retransmis en direct sur le site du SĂ©nat). Le secret entourant le fonctionnement des services de renseignement est prompt Ă gĂ©nĂ©rer fantasmes & paranoĂŻa. A dĂ©faut de pouvoir participer concrĂštement au dĂ©bat, jâai voulu poursuivre mon fact-checking (contre-enquĂȘte, en VF) de certaines des rĂ©vĂ©lations du Monde en cherchant Ă contextualiser celles portant sur la coopĂ©ration entre Orange, la DGSE et le GCHQ (lâĂ©quivalent britannique de la NSA) dâune part, la « mutualisation » des services de renseignement dâautre part et, enfin, le fait que les services de renseignement ne sont toujours pas, en France, clairement bordĂ©s par la loi, au point que les parlementaires chargĂ©s de les contrĂŽler ont du sâauto-censurer (voir aussi les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents : La DGSE a le « droit » dâespionner ton Wi-Fi, ton GSM et ton GPS aussi, et La NSA nâespionne pas tant la France que ça).
MaJ : jâai fini par identifier (.pdf) le mystĂ©rieux « partenaire » de la DGSE et du GCHQ. Et ce nâĂ©tait pas OrangeâŠ
Des « liaisons incestueuses«Â
« France TĂ©lĂ©com est un acteur important du systĂšme de surveillance en France« , avançait en effet Le Monde, en mars dernier, dans un article sur les « relations incestueuses » entre Orange et la DGSE qui, par son intermĂ©diaire, disposerait, « à lâinsu de tout contrĂŽle, dâun accĂšs libre et total Ă ses rĂ©seaux et aux flux de donnĂ©es qui y transitent« . Un second article affirme mĂȘme que « Les services secrets britanniques ont accĂšs aux donnĂ©es des clients français dâOrange« .
Une chose est dâavoir accĂšs à « des » donnĂ©es, une autre est de toutes les espionner⊠nonobstant le fait que, et par ailleurs, les rĂ©seaux de France TĂ©lĂ©com-Orange qui intĂ©ressent le plus les services de renseignement ne sont pas tant en France quâĂ lâĂ©tranger.
Les rĂ©vĂ©lations du Monde reposent sur un document interne du GCHQ (le service de renseignement britannique en charge de lâinterception, du piratage et du dĂ©chiffrage des tĂ©lĂ©communications, et principal partenaire de la NSA), dont le Guardian avait rĂ©vĂ©lĂ© lâexistence en novembre 2013 (mais que ni le quotidien britannique ni Le Monde nâont rendu public).
Dans un article intitulé « GCHQ and European spy agencies worked together on mass surveillance » (le GCHQ et les services de renseignement européens travaillent ensemble à la surveillance de masse, en VF), le quotidien britannique écrivait alors que les services allemands, français, espagnols et suédois avaient développé des méthodes de surveillance massive du trafic téléphonique et Internet, notamment via la surveillance des cùbles sous-marins, et que le GCHQ en avait bénéficié.
Lâarticle rĂ©vĂ©lait Ă©galement que la DGSE avait acceptĂ© de travailler avec le GCHQ sur une base de « coopĂ©ration et de partage« , notamment pour ce qui est de la dĂ©tection du trafic chiffrĂ© sur les cĂąbles utilisant la fibre optique, mais aussi et surtout que la DGSE bĂ©nĂ©ficiait dâune relation privilĂ©giĂ©e avec une entreprise de tĂ©lĂ©communication française non identifiĂ©e, que les services britanniques avaient rencontrĂ©, par deux fois, en 2009. DâaprĂšs Le Monde, ce partenaire privilĂ©giĂ© serait France TĂ©lĂ©com/Orange.
Dans un troisiĂšme article intitulĂ© Les X-TĂ©lĂ©coms, maĂźtres dâĆuvre du renseignement, Le Monde Ă©voque la figure tutĂ©laire dâHenri Serres, qualifiĂ© de « pĂšre des moyens techniques dont disposent les services secrets français« .
Directeur technique au ministĂšre de la dĂ©fense de 1980 Ă 1986, ce polytechnicien, passĂ© par lâEcole nationale supĂ©rieure des tĂ©lĂ©communications, avait Ă©tĂ© chargĂ©, en 1981, d' »auditer les services techniques » de la DGSE. En 1983, Ă©crit Le Monde, il y crĂ©e une direction technique (DT), et lâĂ©quipe « dâordinateurs puissants, de supercalculateurs capables de casser les codes » afin de « rattraper le retard de la France dans le domaine de lâinterception« .
« Dans son sillage, les X-TĂ©lĂ©coms trustent cet univers depuis trente ans« , plusieurs dâentre eux ayant effectuĂ© des « allers-retours constants entre la DGSE et France TĂ©lĂ©com » :
«Les X-TĂ©lĂ©coms et la DGSE, câest la mĂȘme conception de lâEtat», rĂ©sume, aujourdâhui, un membre de cabinet ministĂ©riel.
DâaprĂšs Le Monde, « les attentats du 11 septembre 2001 ont accru la coopĂ©ration entre les services de renseignement et entraĂźnĂ© France TĂ©lĂ©com dans cette mutualisation des moyens sur la collecte des donnĂ©es et le dĂ©chiffrement« .
Les « grandes oreilles » étaient cachées aux PTT
On pourrait aussi faire remonter les « liens incestueux » entre les deux institutions Ă 1940, lorsque plusieurs polytechniciens, sous Vichy, « camouflĂšrent » les agents de lâancĂȘtre des « grandes oreilles » de la DGSE en les faisant passer pour des employĂ©s des PTT.
Dans un article passionnant sur lâhistoire de lâinterception des tĂ©lĂ©communications par les services de renseignement français, le journaliste Roger Faligot Ă©crivait en effet, en 2001, que le Groupement de Communications Radioelectriques (GCR, ancĂȘtre de la direction technique -et donc des « grandes oreilles« â de la DGSE), crĂ©Ă© en 1940, juste aprĂšs la dĂ©bĂącle, par lâadministration Vichy, « travaillait officiellement pour les Postes & tĂ©lĂ©communications (P&T)« , afin de donner une couverture Ă ses agents, et leur permettre de rester camouflĂ©s aux yeux des occupants nazis, ainsi que des collaborateurs français.
En 2010, le fils de lâun de ses responsables expliquait (.pdf) en effet que le GCR Ă©tait « officiellement chargĂ© dâĂ©couter les Ă©missions radio, militaires et civiles, nationales et internationales, pour les diffĂ©rents dĂ©partements ministĂ©riels du Gouvernement de PĂ©tain » mais aussi, et « officieusement« , de « sauvegarder le potentiel dâĂ©coutes radio de lâArmĂ©e française en vue de la reprise des hostilitĂ©s contre lâenvahisseur« .
Paul Labat, qui dirigeait le GCR, orchestra cette « extraordinaire opĂ©ration de camouflage » en faisant signer un accord secret avec le Directeur des tĂ©lĂ©communications des PTT, pour que les officiers des Transmissions, bien que dĂ©mobilisĂ©s, puissent continuer Ă y effectuer leur carriĂšre, sans ĂȘtre estampillĂ©s comme militaires. En 1941, le GCR, « vĂ©ritable opĂ©ration de rĂ©sistance institutionnelle« , Ă©tait ainsi rattachĂ© au SecrĂ©tariat dâĂtat Ă la Communication, comme les PTT.
Plusieurs de ses officiers figurĂšrent « parmi les tous premiers membres de lâArmĂ©e secrĂšte« , et trĂšs vite le GCR se mit au service de la RĂ©sistance et des Forces alliĂ©es, espionnant la Wehrmacht et la Gestapo au profit de la France libre, et du MI6 de lâIntelligence Service, Ă Londres.
Les Ă©coutes au GCR dâHauterive (Allier), en 1941 â Archives Roger RICHARD
CamouflĂ©s comme employĂ©s des PTT, les espions du GCR continuĂšrent leurs activitĂ©s, malgrĂ© lâoccupation de la « zone libre« , certains prĂ©fĂ©rant quand mĂȘme passer dans la clandestinitĂ©. TraquĂ©s par la Gestapo Ă partir de 1943, 27 dâentre eux furent arrĂȘtĂ©s, et dĂ©portĂ©s; seulement 9 y survivront.
Le GCR fut rĂ©activĂ© en 1945 : pas moins de ses 4 000 agents -en France et dans le monde- assuraient alors « chaque jour lâĂ©coute de 600 Ă©missions de radiophonie en 36 langues, de 30 Ă©missions de radiotĂ©lĂ©graphie en 10 langues, et de 92 Ă©missions de trafic privé« . Il sera rattachĂ© en 1948 au Service de documentation extĂ©rieure et de contre-espionnage (SDECE), lâancĂȘtre de la DGSE.
Matthew M. Aid, spĂ©cialiste de la NSA, souligne dans un ouvrage consacrĂ© au renseignement technique pendant la guerre froide, que la France et le Royaume-Uni nâont jamais cessĂ© dâĂ©changer des informations, mĂȘme aprĂšs le dĂ©part de la France de lâOTAN, en 1966. A contrario, les Ă©changes entre le SDECE et la NSA cessĂšrent dans les annĂ©es 60 parce que les USA soupçonnaient le SDECE dâavoir Ă©tĂ© infiltrĂ© par le KGB.
DâaprĂšs Roger Faligot, Alexandre de Marenches, qui prit la tĂȘte du SDECE en 1970, profita cela dit de ses bons rapports avec les services de renseignement anglo-saxons pour recommencer Ă Ă©changer du renseignement SIGINT (pour SIGnal INTelligence) avec la NSA et le GCHQ, et contribuer au pacte UK-USA « sans officiellement en faire partie« .
Les relations entre la DGSE et les PTT dâune part, le GCHQ et la NSA dâautre part, nâont donc, en soi, rien de trĂšs nouveau, mĂȘme si elles ont connu des soubresauts, et quâelles ne sont plus aussi « incestueuses » que du temps de lâOccupation.
« Le plus grand réseau voix/données au monde »
InterrogĂ© par Le Monde, StĂ©phane Richard, le patron dâOrange, a indiquĂ© que « des personnes habilitĂ©es secret-dĂ©fense peuvent avoir Ă gĂ©rer, au sein de lâentreprise, la relation avec les services de lâEtat et notamment leur accĂšs aux rĂ©seaux, mais elles nâont pas Ă mâen rĂ©fĂ©rer. Tout ceci se fait sous la responsabilitĂ© des pouvoirs publics dans un cadre lĂ©gal ».
Dans une interview aux Echos, il rĂ©torque que « sur les Ă©coutes, on nâa pas appris grand-chose » :
« Oui, nous avons des relations avec les services de lâEtat dans le strict cadre lĂ©gal et sous le contrĂŽle des juges. Je ne me sens pas visĂ©, cela montre plutĂŽt quâOrange est une entreprise stratĂ©gique. »
Qualifiant les rĂ©vĂ©lations du Monde d' »hypothĂšses farfelues« , StĂ©phane Richard prĂ©cisait, mi-mai, que « non, il nây a pas de collecte de donnĂ©es massive par lâĂtat« , et quâil fallait poser la question aux services secrets.
Sur Twitter, le service presse dâOrange prĂ©cise, de façon laconique, avoir, « comme tous les opĂ©rateurs, des relations avec les services de lâĂtat en charge de la sĂ©curitĂ© du pays et des Français » :
« Ces relations se font dans le strict respect des lois et en toute lĂ©galitĂ©, sous la responsabilitĂ© de lâĂtat et du contrĂŽle des juges. »
Ce qui, in fine, proscrit donc toute surveillance massive de donnĂ©es en France⊠mais pas Ă lâĂ©tranger.
Or, les tĂ©lĂ©communications relayĂ©es par Orange ont de quoi fortement intĂ©resser la DGSE : implantĂ© dans 21 pays dâAfrique et du Moyen-Orient (dont la CĂŽte dâIvoire, lâIrak, la Jordanie, le Mali, le Maroc, le Niger et la Tunisie, notamment), oĂč le groupe revendique plus de 100 millions dâabonnĂ©s, ainsi que, via sa filiale Sofrecom, en Syrie, dans la Libye de Kadhafi, la Tunisie de Ben Ali, en Ăthiopie (oĂč Human Rights Watch vient de rĂ©vĂ©ler lâexistence dâun vaste rĂ©seau de surveillance des tĂ©lĂ©communications), Orange se vante, via son autre filiale Business Services, dâavoir « le plus grand rĂ©seau voix/donnĂ©es sans couture au monde couvrant 220 pays et territoires« , avec 231 millions de clients.
De plus, France TĂ©lĂ©com Marine, filiale Ă 100% dâOrange, dispose dâune flotte de 6 navires cĂąbliers, et a installĂ©, depuis 1975, prĂšs de 170 000 km de cĂąbles sous-marins dans tous les ocĂ©ans -dont 140 000 en fibre optique-, soit 20% des 800 000 kilomĂštres de cĂąbles sous-marins actuellement en service⊠de quoi attirer lâattention des services de renseignement.
Pour autant, ces cĂąbles ne transitent pas que les seules communications des abonnĂ©s dâOrange. Or, les rĂ©vĂ©lations du Monde ciblaient les seuls « clients français dâOrange« âŠ
« Et toutes ces méta-données, on les stocke »
La question reste pour autant de savoir si la DGSE, comme lâaffirme Le Monde, et au mĂ©pris de la loi, « puise massivement dans les donnĂ©es de lâopĂ©rateur historique français« , et si « les services secrets britanniques ont accĂšs aux donnĂ©es des clients français dâOrange« . Au-delĂ de lâillĂ©galitĂ© dâune telle opĂ©ration, quelques points mĂ©ritent dâĂȘtre prĂ©cisĂ©s.
Les volumes de donnĂ©es qui transitent sur les rĂ©seaux depuis la dĂ©mocratisation de la tĂ©lĂ©phonie mobile et de lâInternet sont tels que ce qui intĂ©resse de prime abord enquĂȘteurs de police et services de renseignement, aujourdâhui, ce sont les mĂ©ta-donnĂ©es : qui communique avec qui, Ă quelles frĂ©quences, quand, pendant combien de temps, dâoĂč, et donc de dresser le rĂ©seau -ou graphe- relationnel de leurs cibles.
Comme lâavait expliquĂ© Bernard Barbier, alors directeur technique de la DGSE, dans une confĂ©rence Ă laquelle jâavais assistĂ© (voir Frenchelon: la DGSE est en « 1Ăšre division »), « le contenant devient plus intĂ©ressant que le contenu » :
« Et toutes ces mĂ©ta-donnĂ©es, on les stocke, sur des annĂ©es et des annĂ©es, et quand on sâintĂ©resse Ă une adresse IP ou Ă un n° de tel, on va chercher dans nos bases de donnĂ©es, et on retrouve la liste de ses correspondants, pendant des annĂ©es, et on arrive Ă reconstituer tout son rĂ©seau. »
Patrick Calvar, directeur central du renseignement intĂ©rieur (DCRI, devenue depuis DGSI) depuis le 30 mai 2012, dĂ©clarait de son cĂŽtĂ©, lors dâun colloque lâan passĂ© qu' »il faut le savoir, aujourdâhui, cela ne sert plus Ă rien Ă dâĂ©couter une ligne tĂ©lĂ©phonique, sauf coup de chance, ce qui peut arriver » :
« Ăa nâa quâun seul intĂ©rĂȘt, celui de la gĂ©olocalisation. Mais mĂȘme cela est compliquĂ©, puisquâil faut des autorisations particuliĂšres. Donc la seule chose qui nous importe est de pouvoir pĂ©nĂ©trer, sonoriser, attaquer lâinformatique. Câest totalement exclus dans le droit français, sauf en matiĂšre judiciaire. »
De nombreux documents Snowden montrent Ă ce titre que les programmes dâinterception et de surveillance massive de NSA et le GCHQ portent moins sur lâanalyse du contenu des tĂ©lĂ©communications (internet ou tĂ©lĂ©phoniques) que de leurs mĂ©ta-donnĂ©es.
Si la DGSE faisait du massif avec le concours dâOrange, ce serait plus probablement sur les mĂ©ta-donnĂ©es que sur le contenu des tĂ©lĂ©communications.
Un « Big Brother » français ?
Ce nâest pas la premiĂšre fois que Le Monde surestime les faits dâarmes et capacitĂ©s des services de renseignement technique, confondant notamment contenu et contenant, tĂ©lĂ©communications et mĂ©ta-donnĂ©es. Dans un article intitulĂ© « Comment la NSA espionne la France« , Jacques Follorou et Glenn Greenwald avaient ainsi rĂ©vĂ©lĂ© en octobre 2013 que « 70,3 millions de communications tĂ©lĂ©phoniques de Français ont Ă©tĂ© interceptĂ©es entre le 10 dĂ©cembre 2012 et le 8 janvier 2013 ». On a depuis appris quâil sâagissait en fait de mĂ©ta-donnĂ©es interceptĂ©es par les services de renseignement français, Ă lâĂ©tranger, et partagĂ©es avec la NSA (voir mon factchecking, La NSA nâespionne pas tant la France que ça).
En juillet 2013, Le Monde avait Ă©galement rĂ©vĂ©lĂ©, dans un article intitulĂ© « RĂ©vĂ©lations sur le « Big Brother » français« , que la DGSE espionnait « le flux du trafic Internet entre la France et lâĂ©tranger en dehors de tout cadre lĂ©gal« , ainsi que « la totalitĂ© de nos communications » :
« La Direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© extĂ©rieure (DGSE, les services spĂ©ciaux) collecte systĂ©matiquement les signaux Ă©lectromagnĂ©tiques Ă©mis par les ordinateurs ou les tĂ©lĂ©phones en France, tout comme les flux entre les Français et lâĂ©tranger : la totalitĂ© de nos communications sont espionnĂ©es. Lâensemble des mails, des SMS, des relevĂ©s dâappels tĂ©lĂ©phoniques, des accĂšs Ă Facebook, Twitter, sont ensuite stockĂ©s pendant des annĂ©es. »
Les professionnels travaillant aux cĆurs des rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communications que jâavais interrogĂ©s avaient alors Ă©mis de trĂšs sĂ©rieux doutes quant Ă la faisabilitĂ© technique dâune telle surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e de nos tĂ©lĂ©communications, en France qui, du fait de son rĂ©seau dĂ©centralisĂ©, nĂ©cessiterait lâinstallation de systĂšmes dâinterception dans prĂšs de 16 000 rĂ©partiteurs tĂ©lĂ©phoniques (propriĂ©tĂ©s exclusives de France TĂ©lĂ©com), plus quelques 40 000 DSLAM (qui rĂ©cupĂšrent le trafic transitant sur les lignes tĂ©lĂ©phoniques afin de router les donnĂ©es vers les gros tuyaux des FAI), pour la surveillance du trafic Internet, et ce, sans compter les boucles locales radio et de fibres optiques (voir La DGSE a le « droit » dâespionner ton Wi-Fi, ton GSM et ton GPS aussi)âŠ
En aoĂ»t, Le Monde reconnaissait de fait que les services ne sâintĂ©ressaient « pas tant au contenu des messages quâĂ leur contenant : qui parle Ă qui et dâoĂč (les fameuses « mĂ©tadonnĂ©es), et qu' »il est donc possible que la DGSE ne collecte pas « la totalité » des communications Ă©lectromagnĂ©tiques mais elle en intercepte une trĂšs large part« .
Ce qui pose la question de la surveillance des cùbles sous-marins transitant par la France et gérés, pour une bonne part, par Orange.
La montée en puissance de la DGSI
La DGSE Ă©tant un service de renseignement extĂ©rieur, la quasi-totalitĂ© de ses cibles sont hors de nos frontiĂšres, et la DGSE a probablement autre chose Ă faire que dâanalyser, dans son nouveau datacenter, les appels tĂ©lĂ©phoniques de lâensemble des abonnĂ©s dâOrange France, a fortiori de les rerouter vers le GCHQ.
Une surveillance massive des mĂ©ta-donnĂ©es voire des tĂ©lĂ©communications passĂ©es en Libye, au Niger ou au Mali (par exemple), et donc -notamment- sur les rĂ©seaux ou cĂąbles des filiales dâOrange, serait bien plus plausible, et intĂ©ressante pour un service de renseignement.
De plus, une telle opĂ©ration dâespionnage des tĂ©lĂ©communications, en France, dĂ©ployĂ©e par le service de renseignement extĂ©rieur, dont les missions sont a priori cantonnĂ©es « hors du territoire national« , pourrait dĂ©clencher une « guerre des services » avec la nouvelle Direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure (DGSI, ex-DCRI, qui avait absorbĂ© la DST et les RG du temps de Nicolas Sarkozy) qui, dans le cadre de ses missions, « contribue Ă la surveillance des communications Ă©lectroniques et radioĂ©lectriques (âŠ) sur lâensemble du territoire de la RĂ©publique« .
Signe de la montĂ©e en puissance de la DGSI : elle vient de se doter dâun « directeur technique« , Jean-Luc Combrisson, un militaire, ingĂ©nieur de lâarmement qui Ă©tait jusque lĂ responsable du pĂŽle tĂ©lĂ©communications et sĂ©curitĂ© des systĂšmes dâinformation Ă la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale de lâarmement (DGA), secondĂ© du commissaire StĂ©phane Tijardovic, qui sâĂ©tait illustrĂ© en accĂ©dant aux fadettes du journaliste du Monde et qui, pour accĂ©der aux donnĂ©es interceptĂ©es par la DGSE, avait du y envoyer 10 de ses hommes, au risque de laisser les « cousins« , comme lâĂ©crivaient les auteurs de Lâespion du prĂ©sident « deviner, en fonction des enquĂȘtes, les sujets dâintĂ©rĂȘt du moment Ă Levallois.
Ils auront pour mission dâorganiser le renseignement technique Ă la DGSI, et notamment les interceptions menĂ©es au DĂ©partement de Recherche Technique (DRT) de Boullay-les-Troux, le centre dâinterception des tĂ©lĂ©communications, et pĂŽle dâinvestigation numĂ©rique, de la DGSI, ainsi que du Centre technique dâassistance (CTA), crĂ©Ă© suite aux attentats de 2001 afin de pouvoir dĂ©crypter les communications chiffrĂ©es, et dont elle vient de rĂ©cupĂ©rer la tutelle.
Autre signe de la montĂ©e en puissance de la DGSI en matiĂšre de renseignement technique : sa division des systĂšmes dâinformation a lancĂ© une quinzaine de procĂ©dures de recrutement depuis janvier 2014, comme lâa rĂ©cemment rĂ©vĂ©lĂ© IOL, dont un responsable de la sĂ©curitĂ© des systĂšmes dâinformation (.pdf), un ingĂ©nieur sĂ©curitĂ© expert des analyses « forensics » (.pdf) ou encore un technicien orientĂ© investigation numĂ©rique (.pdf)âŠ
De la « guerre » à la « mutualisation » des « services »
AuditionnĂ©, fin avril, par la commission des lois Ă lâAssemblĂ©e, Bernard Cazeneuve, le nouveau ministre de lâIntĂ©rieur, rĂ©vĂ©lait par ailleurs que le plan anti-djihad du Gouvernement ne se rĂ©duira pas « à la crĂ©ation dâun numĂ©ro vert » :
« Les cyberpatrouilleurs ne peuvent aujourdâhui ĂȘtre assurĂ©s de lâefficacitĂ© de leur intervention lorsquâils sâintroduisent sous pseudonyme dans les forums de discussion djihadistes. Notre plan comporte une mesure qui leur permettra dâenquĂȘter en ligne sous pseudonyme.
De surcroĂźt, afin de disposer du temps nĂ©cessaire pour conduire les enquĂȘtes jusquâĂ leur terme, nous proposerons au Parlement que les donnĂ©es recueillies par ce moyen ou grĂące aux interceptions de sĂ©curitĂ© puissent ĂȘtre conservĂ©es au-delĂ de dix jours et jusquâĂ un mois, de maniĂšre Ă ce quâelles puissent ĂȘtre exploitĂ©es de maniĂšre exhaustive, dans le respect rigoureux des libertĂ©s publiques et des textes en vigueur.
Enfin, la loi permettra lâinterconnexion Ă distance entre nos services, de maniĂšre Ă disposer de la palette dâinformations la plus large possible. »
Cette « interconnexion Ă distance fait furieusement penser Ă lâInfrastructure de mutualisation, la base de donnĂ©es de la DGSE, Ă laquelle ont accĂšs les autres services de renseignement français, dont lâexistence avait Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par Le Monde, et quâavait Ă©voquĂ© la DĂ©lĂ©gation parlementaire au renseignement dans son rapport 2013 :
« La dĂ©lĂ©gation rappelle aussi que la mutualisation des capacitĂ©s techniques des services de renseignement rĂ©pond Ă la fois aux nĂ©cessitĂ©s dâoptimisation de la ressource budgĂ©taire et Ă des besoins opĂ©rationnels. Depuis 2008, des progrĂšs ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en matiĂšre de mutualisation des capacitĂ©s, notamment en ce qui concerne le renseignement dâorigine Ă©lectromagnĂ©tique, opĂ©rĂ© par la DGSE au profit de lâensemble de la communautĂ© du renseignement. »
Visitant la Direction du renseignement militaire en septembre 2013, Jean-Yves le Drian, ministre de la DĂ©fense, qualifiait par ailleurs ces « processus de mutualisation » de « maĂźtre mot du nouveau Livre blanc et de la LPM en ce qui concerne les services de renseignement et leurs moyens« . Fin novembre 2013, un rapport sĂ©natorial rĂ©vĂ©lait par ailleurs rĂ©cemment qu' »environ 80 % du budget annuel dâinvestissement de la direction technique de la DGSE financent des projets intĂ©ressant Ă©galement dâautres organismes« .
Un document budgĂ©taire rĂ©vĂ©lait par ailleurs que la direction du renseignement militaire (DRM) « poursuit les actions de mutualisation avec la direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© extĂ©rieure (DGSE) et dâamĂ©lioration des capacitĂ©s dâinterception et de traitement dans les dĂ©tachements avancĂ©s de transmissions » (DAT, les stations dâĂ©coute installĂ©es dans les DOM-TOM et Ă lâĂ©tranger quâelle a entrepris, depuis 2005 au moins, de mutualiser avec la DGSE, cf la carte des stations espions du renseignement français), et quâelle « renforce en parallĂšle ses infrastructures de transport et dâhĂ©bergement de donnĂ©es, amĂ©liore leur interconnexion avec ses partenaires et rĂ©alise une salle de serveurs informatiques adaptĂ©s Ă ses besoins au cours des dix prochaines annĂ©es« .
Dans un article intitulĂ© « Les services de renseignements ont enterrĂ© la hache de guerre« , La Tribune Ă©crivait, en mars 2013, que « lâarticulation de ma direction gĂ©nĂ©rale avec la DCRI nâa jamais Ă©tĂ© aussi bonne, explique le patron de la DGSE. Nous avons dĂ©sormais des relations trĂšs Ă©troites, qui permettent des Ă©changes quotidiens dâinformations sur des cibles ou des individus signalĂ©s« , et que « le meilleur exemple de dĂ©cloisonnement des services est racontĂ© par le patron de la DPSD, le gĂ©nĂ©ral Bosser » :
« Nous suivons un garçon qui appartient aujourdâhui Ă la dĂ©fense, dont le contrat va sâarrĂȘter dans six mois, et qui a tendance Ă aller passer des vacances dans des endroits peu recommandables (Afghanistan, Pakistan, ndlr). Quand il quitte le territoire national, câest la DGSE qui le prend en charge ; quand on sâinterroge sur la façon dont il finance ses voyages, on sâadresse Ă TRACFIN ; quand il revient en France, câest la DCRI qui le reprend et qui le suivra quand il aura fini ses services chez nous ».
Longue vie Ă lâespionnage du Net !
Un article intitulĂ© Longue vie Ă lâespionnage du Net ! (accĂšs payant), publiĂ© le 4 dĂ©cembre dernier sur Intelligence Online (IOL), lettre dâinformation spĂ©cialisĂ©e sur le monde du renseignement, rĂ©vĂ©lait qu' »en France, la rĂ©gulation des interceptions effectuĂ©es sur le rĂ©seau Internet nâest pas pour demain » :
« La Délégation parlementaire au renseignement (DPR), présidée par le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur, est dans une impasse à propos des interceptions électroniques effectuées sur les cùbles sous-marins transitant par la France, via Marseille et Penmarch notamment. »
IOL évoquait une réunion entre les parlementaires de la DPR, François Hollande et Alain Zabulon, le coordonnateur du renseignement (CDR), réunion qualifiée d' »entrevue de pure forme puisque les parlementaires ne sont pas autorisés à poser des questions sur les aspects opérationnels des échanges de métadonnées interceptées, pratiquées dans le cadre du protocole Lustre entre la direction technique de la DGSE, la NSA et le GCHQ« .
DâaprĂšs IOL, la Commission nationale de contrĂŽle des interceptions de sĂ©curitĂ© (CNCIS) aurait « haussĂ© le ton« , et rĂ©clamĂ© « un cadre juridique mieux dĂ©fini« , de sorte de pouvoir contrĂŽler la collecte et le stockage des donnĂ©es par la DGSE, et leur transmission Ă des services de renseignement Ă©trangers, et ce « dâautant plus que ce service est dans lâincapacitĂ© de trier prĂ©alablement les communications interceptĂ©es pour dĂ©terminer si elles impliquent ou non des citoyens français » :
« RĂ©action des autoritĂ©s politiques : impossible de satisfaire cette demande dans lâimmĂ©diat, au vu de lâampleur du travail quâimpliquerait une telle rĂ©gulation. »
A lâĂ©poque, lâattention mĂ©diatique Ă©tait accaparĂ©e par le projet de loi de programmation militaire (LPM), qui visait notamment Ă lĂ©galiser des pratiques illĂ©gales (ou « a-lĂ©gales« , pour reprendre lâexpression dâun des patrons dâune des agences de renseignement) en matiĂšre dâinterceptions des tĂ©lĂ©communications, et donc Ă lĂ©galiser l' »accĂšs administratif » (par les services de renseignement, Ă distinguer des services de police judiciaire) aux donnĂ©es de connexion (les « traces » et « mĂ©ta-donnĂ©es » de nos activitĂ©s stockĂ©es par les opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©communications et de services en ligne).
Le projet de loi a depuis Ă©tĂ© adoptĂ© par le Parlement, et nombreux sont ceux qui, Ă lâaune des « rĂ©vĂ©lations » Snowden, sont persuadĂ©s que la DGSE joue Ă la NSA.
Comme je lâavais alors Ă©crit, la complexitĂ© du dossier, et les subtilitĂ©s juridiques & syntaxiques du texte, ne permettent pas encore de savoir sâil est plus, ou moins, protecteur de nos libertĂ©s, et vies privĂ©es (cf Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la #LPM et que vous avez Ă©tĂ© nombreux Ă me demander).
Lâanalyse dâIOL rĂ©vĂšle cela dit que la LPM ne cherchait donc Ă encadrer que la partie Ă©mergĂ©e de lâiceberg, mais aussi que la « rĂ©gulation » des « interceptions Ă©lectroniques effectuĂ©es sur les cĂąbles sous-marins transitant par la France » ne serait donc toujours pas clairement (et lĂ©galement) encadrĂ©eâŠ
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Le rapport (.pdf) relatif Ă lâactivitĂ© de la dĂ©lĂ©gation parlementaire au renseignement (DPR) pour lâannĂ©e 2013 est Ă ce titre trĂšs instructif.
Evoquant « un cadre juridique en pleine Ă©volution« , la DPR y reconnaĂźt en effet que « notre pays ne dispose pas Ă ce jour dâun vĂ©ritable rĂ©gime juridique complet dĂ©finissant avec prĂ©cision les missions et les activitĂ©s des services de renseignement ainsi que les moyens dâactions dont ils disposent et prĂ©voyant les modalitĂ©s de leur encadrement et de leur contrĂŽle« .
Elle se fĂ©licite ensuite de lâadoption de la LPM, qui permet de « rĂ©intĂ©grer dans le droit commun de la loi du 10 juillet 1991 relative au secret des correspondances (Ă prĂ©sent codifiĂ©e dans le code de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure) les opĂ©rations de collecte de donnĂ©es relatives aux contenants des tĂ©lĂ©communications« , et qui « prĂ©voit Ă©galement un contrĂŽle renforcĂ© en matiĂšre de gĂ©olocalisation, similaire Ă celui prĂ©vu pour les interceptions de correspondances » :
« Ce nouveau cadre juridique constitue ainsi un progrÚs indéniable. »
Il reste encore cela dit quelques progrĂšs Ă faire : suivent en effet deux pages anonymisĂ©es (voir la capture dâĂ©cran, ci-contre) qui, au vu de la conclusion du chapitre en question, montrent bien que le contrĂŽle parlementaire, et juridique, des services de renseignement français, est encore loin de donner satisfaction, les parlementaires de la DPR ayant Ă©tĂ© contraints de sâauto-censurer :
« Lâaboutissement de ces rĂ©flexions doit ainsi mener Ă poursuivre lâamĂ©lioration du dispositif juridique dâencadrement et de contrĂŽle des services afin que, solide et bien acceptĂ© par nos concitoyens, il contribue Ă accroĂźtre la
confiance de ceux-ci dans lâaction des services de renseignement, Ă diffuser cette « culture du renseignement » qui fait en partie dĂ©faut Ă notre pays et, in fine, Ă renforcer la sĂ©curitĂ© de tous dans le respect des libertĂ©s publiques. »
La DGSE a-t-elle accÚs aux données des clients anglais de British Telecom ?
Enfin, si la DGSE travaille avec le GCHQ sur une base de « coopĂ©ration et de partage« , cela signifie-t-il quâelle peut elle aussi accĂ©der « aux donnĂ©es des clients anglais de British Telecom« , ou encore Ă celles « des clients amĂ©ricains dâAT&T » dans le cadre de son partenariat avec la NSA ?
On imagine mal le GCHQ ou la NSA autoriser une telle surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e de leurs propres concitoyens par le service de renseignement extĂ©rieur des froggies⊠Ce pour quoi je peine aussi Ă imaginer que la DGSE laisse le GCHQ piocher massivement dans les donnĂ©es des « clients français » dâOrange. Mais je peux me tromper.
Mise Ă Jour, 22/05/14 : en octobre 2013, Orange remportait plusieurs accords-cadres portant sur la fourniture de services de tĂ©lĂ©phonie fixe au ministĂšre de lâIntĂ©rieur; en novembre, Orange remportait le marchĂ© de la tĂ©lĂ©phonie fixe et de lâaccĂšs Ă Internet du ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres; en janvier 2014, remportait aussi un marchĂ© de 15 millions dâeuros, dans le cadre de lâaccord cadre « astel G5 » de fourniture de services de tĂ©lĂ©communications mobiles, de tĂ©lĂ©phones mobiles et de leurs accessoires, Ă la Direction InterarmĂ©es des RĂ©seaux dâInfrastructure et des SystĂšmes dâInformation (DIRISI) du ministĂšre de la DĂ©fense.
On peine, de mĂȘme, Ă imaginer que le ministĂšre de la DĂ©fense (et al.) utilise Orange pour communiquer⊠tout en facilitant lâespionnage desdites communications par des services de renseignement Ă©tranger.
NB : vous pouvez aussi tester vos connaissances avec le Quiz: rions un peu avec la DGSE que jâai publiĂ© sur Slate, avec tout plein de .gifs animĂ©s (parce que oui, on peut aussi sâamuser et rire un peu avec la DGSE), ou encore y dĂ©couvrir la carte des stations dâinterception des services de renseignement français que je viens dây publier.
Illustrations du SuperDupont de Marcel Gotlib : Krinen & ComicVine; dites, vous saviez que le logo de son T-shirt sâinspirait de celui de la section antiterroriste des ex-Renseignements GĂ©nĂ©raux (Ă moins que ça ne soit lâinverse) ?
Et, sinon, le MusĂ©e dâart et dâhistoire du judaĂŻsme, Ă Paris, consacre prĂ©cisĂ©ment une exposition Ă Marcel Gotlib, et donc aussi Ă SuperDupont, ce « super hĂ©ros » combattant l' »Anti-France »âŠ
Voir aussi :
Frenchelon: la DGSE est en « 1Úre division »
La DGSE recrute, niveau brevet, CAP ou BEP
Snowden et la nouvelle « chasse aux sorciÚres »
« Une journĂ©e dans la peau dâEdward Snowden »
Pour la CNIL, 18% des Français sont « suspects »
La NSA, la DGSE et la DCRI ne disent pas merci Ă lâHadopi
Le .gif qui révÚle la paranoïa de la NSA, et pourquoi elle espionne aussi vos parents & amis