Luka est un petit garçon dont l’ambition est de faire découvrir des pays et des cultures. Il est arrivé dans le monde des applis en 2012 avec son premier voyage au Brésil. Accompagné de sa compagne la libellule, il parcourt le pays et présente ses rencontres. Depuis quelques semaines, c’est au Groenland qu’il emmène les enfants. On y rencontre des pêcheurs sur la banquise, on entre dans un igloo et on peut s’amuser à construire des statues inuites. Derrière ces tableaux interactifs, il y a un travail de longue haleine et une motivation sans limite de faire découvrir le monde en s’amusant. C’est Audrey, fondatrice de Webdokid qui est à l’origine de tout ça.
Elle a répondu à nos questions et nous a très gentiment permis de diffuser ses planches de travail au moment de la conception de Luka et les copains du Pôle Nord, qui est désormais disponible sur l’appstore, Google Store et Amazon depuis un mois.
Webdokid, c’est une petite équipe et avant tout une histoire de copains.
Bonjour Audrey, comment est née l’idée de faire une application pour enfants? Et comment est né Luka?
Je suis passionnée de voyage et de multimédia. J’aime entreprendre, j’aime les rencontres, écrire de belles histoires et j’adore les enfants. Alors j’ai mis tout ça dans un grand shaker, j’ai bien mélangé et la société Webdokid est née !
Plus précisément, les contours du projet se sont dessinés lors d’une expatriation en Chine, après mon école de commerce. J’ai parcouru le continent asiatique et commencé à collecter des images, des sons, des vidéos et des dessins d’écoliers que je croisais sur ma route. Je souhaitais réaliser un webdocumentaire interactif pour mon filleul Lucas afin de lui expliquer les cultures et les différents modes de vie des enfants habitant à l’autre bout du monde. (A ce propos, je conseille à tout le monde le merveilleux documentaire, sorti récemment, « Le chemin de l’Ecole » de Pascal Plisson.) De webdocumentaire à Webdokid, il n’y avait qu’un pas !
Avec l’arrivée de l’Ipad en France, j’obtenais le support idéal pour la diffusion. L’idée a alors évolué vers une collection d’applications d’exploration mettant en scène un petit héros, Luka, qui voyage à la rencontre des copains du monde, un prétexte à la découverte et à la connaissance.
Comment travaillez-vous? Combien de personnes travaillent sur Luka?
Je me suis associée à Sandie Le Balch, une amie enseignante que je connais depuis 23 ans. Un ami programmeur a aussi rejoint l’équipe et régulièrement, nous travaillons avec des étudiants en école d’informatique. Les dessins sont conçus par une illustratrice freelance et les voix sont enregistrées en studio par des comédiennes professionnelles.
Nous sommes créateur et développeur, ce qui signifie que nous concevons tout de A à Z. C’est un travail énorme : de recherche et de documentation, d’écriture, d’illustrations, d’animations, de programmation, d’habillage sonore… Puis de communication car il faut se faire connaître et ce n’est pas la partie la plus simple ! Nous cumulons plus de 15 métiers.
Les gens ont parfois du mal à comprendre le prix des applis et ne savent pas l’investissement qu’il y a derrière. Combien a couté Luka? En temps et en argent?
La création d’une appli comme Luka demande au moins 4 personnes et 4 mois de travail à temps plein. Nous misons sur la qualité et un contenu riche.
Notre première application nous a coûté en matériel (ordinateurs, tablettes..), en licence, et en temps homme 80 000 €. Avec notre deuxième application « Luka et les copains du pôle Nord », nous avons pu diviser ces coûts par 2. Mais cela reste tout de même un investissement important, dont il est difficile d’avoir un retour pour l’instant. Par exemple, sur cette application vendue au prix de 2,69€, nous gagnons 1,64€ (après la marge de 30% du distributeur). Puis, nous reversons 5% à l’ONG Aide et Action dont le travail nous tient à cœur. L’équation est donc difficile.
On est sur une problématique de volume, avec d’une part, un faible taux d’équipement des Français en tablettes et un comportement d’achat qui donne la préférence à la gratuité, et d’autre part, un marché de contenus déjà très concurrentiel avec une multitude de petits acteurs et des studios internationaux qui ont d’importants moyens pour créer et communiquer.
A terme, je pense que les petits éditeurs numériques jeunesse auront intérêt à se regrouper pour mutualiser leurs compétences et leurs ressources.
Il est difficile pour un éditeur de faire connaître ses applis. Comment vous y prenez-vous?
Je crois que nous avons tout testé, sauf le JT de Claire Chazal ! Par exemple, nous avons exposé au salon Kidexpo l’an dernier et au salon de la Presse Jeunesse à Montreuil (nous serons encore à Montreuil cette année). De nombreux blogs ont publié les tests de nos applis. Nous sommes présents sur les réseaux sociaux. Nous avons essayé la publicité dans un magazine pour mamans, travaillé un peu notre référencement web sur Google, et fait de la distribution de flyers dans Paris. Une parution dans l’Express et un partenariat avec Boulanger et sa tablette Family Tab’ ont renforcé notre notoriété. Mais le nerf de la guerre reste la visibilité dans les stores. Rien ne vaut une mise en avant dans la sélection d’Apple ou de Google pour se faire connaître et générer des ventes.
Quelles applications pour enfants aimez-vous?
J’aime beaucoup le travail de GoodBeans (Bonne nuit ou Little Fox). C’est un grand studio allemand. Côté petits éditeurs français, il y aussi de belles créations chez E-toiles, GoodbyePaper, La souris qui raconte, l’Apprimerie…
Quels sont vos futurs projets? Où Luka va t’il aller?
Un scoop pour les lecteurs d’Applimini : après avoir goûté à la chaleur du Brésil et au froid polaire de la banquise, Luka a très envie de retourner aux sources, là où il est né…c’est à dire en Chine ! Nous souhaitons aussi traduire nos applications car la majorité des ventes se fait en général à l’international. Je suis donc à la recherche de la petite voix anglaise de Luka.
En parallèle, nous travaillons sur un projet de livres enrichis pour les écoles, toujours avec notre héros. La sortie est prévue à la mi-octobre sur Ibookstore.
Par ailleurs, nous intégrons ce mois-ci le Labo de l’Edition, un incubateur de la ville de Paris et un lieu de travail propice à la création numérique.
Qu’est ce qui vous motive? Quel est votre plus grand souhait?
C’est véritablement le sourire des enfants, quand ils découvrent nos applications, qui me motive. Je me dis alors que le challenge est gagné ! Créer des applis ou ebooks enrichis pour enfants est un travail que l’on ne peut faire que par passion. Mon plus grand souhait est de pouvoir un jour en vivre… Luka a été créé pour la tablette, le voir adapté sur d’autres supports comme la bande dessinée papier ou le dessin animé serait génial !
Les applications de Webdokid
Luka et les copains du Pôle Nord
Luka et les copains du Brésil
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